Chapitre 16: Palaiseau - Paul K. et sa famille

Ce jour là, nous étions Danielle et moi dans notre pavillon de Palaiseau, décidés à nous détendre, à nous reposer, n’ayant pris moi-même aucun rendez-vous.

Un coup de sonnette à l’entrée attira notre attention.                                                                  
Un couple que je ne connaissais pas était là, sur le seuil de l’entrée, accompagné d’un enfant.
Je les reçois en toute sympathie en les faisant entrer dans le salon.
Je remarque toutefois que l’enfant semble malade, affaibli.
Ces personnes se présentent sans dévoiler leur identité.
L’homme prend alors la parole pour m’informer de l’objet de sa visite : « Je viens, dit-il, de la part de Camille J. que vous avez eu l’occasion de soigner.
Je l’ai rencontré à son retour de métropole. Il m’a dit avoir subit une opération et,  selon lui, c’est grâce à vous, à votre intervention sur le plan spirituel, qu’il s’en est sorti ».
Camille J. vivait en Guadeloupe. Il avait une dévotion particulière pour Sainte Thérèse de l’enfant Jésus.
Il se rendait tous les ans à Lisieux via Paris, pour se recueillir à la basilique.
Il me disait toujours que Sainte Thérèse le protégeait.
Il m’en avait relaté l’origine.
Pendant la guerre 39-45, il avait participé avec les Forces Françaises Libres, au débarquement de Normandie puis à la libération de Lisieux, échappant à la mort.
Se trouvant un jour, devant la basilique, figé sur les marches du parvis, les yeux vers le ciel, il crut entendre une voix qu’il attribuait à Sainte Thérèse lui annonçant qu’il était protégé, que rien ne viendrait porter atteinte à sa vie.
Il me parlait souvent d’une « pluie de roses »…
Il m’expliquait qu’il n’était pas un homme de foi, et pourtant ce jour là, disait-il, Sainte Thérèse s’est adressée à moi.
Il lui voua alors à partir de ce souvenir un attachement d’une profonde ferveur et prit la décision d’entreprendre chaque année un pèlerinage à Lisieux.
J’eus d’ailleurs l’occasion de l’accompagner en pèlerinage après son opération du cœur.
C’est donc cet ami qui me recommandait ce couple et son enfant.
L’homme, Paul K., avait suivi les conseils de Camille : « Je connais un homme du nom de François qui pourrait s’occuper de ton cas. »
En  fait, il s'agissait de son fils Simon qu'il tenait dans ses bras.
Cet enfant était malade et dépérissait.
Le corps médical avait grand mal à diagnostiquer la maladie : "J'ai vu, me dit-il, des médecins aux États-Unis.
J'ai même consulté des guérisseurs, des marabouts.
Mais mon enfant continue de dépérir. Je ne sais plus que faire. Je suis vraiment désespéré. Pouvez-vous faire quelque chose pour lui. Je vous en serais reconnaissant».
Tout en regardant Simon qui semblait sommeiller, très concentré, j'écoutais avec attention le récit de ce père affecté.
C'est à cet instant que j'entends la voix du Maître me disant de descendre dans mon « sanctum », mon lieu de prière et de méditation.
Respectant ce message, je me dirige vers cet endroit.
Assis confortablement, je « reprends contact » avec le Maître et lui demande si je peux prendre en charge le petit Simon.
Une lumière écarlate scintillante me répond: "Oui, prends le en charge et associe-toi au concours et à la présence de maître Hilarion.
Prends ton pendule, tu sauras diagnostiquer le mal et tu le soigneras par homéopathie. Le petit sera guéri, mais il faudra attendre trois mois avant qu'il ne retrouve son souffle et sa santé ».
Je gravis les marches du sous-sol pour rejoindre cette petite famille.
Ils sont tous deux là, sans bouger, suspendus à mes lèvres, impatients de connaître la décision... ma réponse.
 Sans attendre, je les rassure et leur annonce que je vais m'occuper de l'enfant et lui préparer très rapidement un traitement. Je leur enjoins de respecter scrupuleusement les instructions relatives au traitement.
Paul K. veut alors me payer.
Je refuse en lui expliquant que je n'ai aucun droit en cette matière, que je le fais gratuitement et bénévolement.
Ils me quittent avec dans leurs yeux un espoir de guérison.
Paradoxalement, je n'étais pas curieux.  Je ne connaissais rien d’eux.  La recommandation seule de Camille me suffisait.
Nous nous tenions au courant de l'évolution de l'état de santé de Simon. À l'issue du premier mois, l'enfant commença à réagir, son regard s'éclaira.
Il était moins fatigué et la lassitude dans laquelle il était plongé s’estompa.  Mon engagement fut total. Cet enfant ne quittait plus mon esprit. Je priais pour lui.
Mes invocations dites, j’espérais voir se renforcer l'amélioration constatée, car cette période de trois mois constituait pour moi l'élément essentiel du message.
Le temps écoulé, quelle ne fut pas ma surprise de recevoir un appel téléphonique de Paul K.  Sa voix était pleine de reconnaissance: Simon était rétabli.
Pour  s'en assurer, il avait conduit son fils chez son médecin traitant.  Ce dernier lui fit part de son étonnement: "Simon a retrouvé son équilibre. Les analyses montrent qu'il a repris son tonus et que sa numération globulaire est normale".
Il ne comprenait pas ce qui s'était passé et ne le sut jamais.
Le silence fut respecté. Le maître seul savait. Je le remerciai par mes prières.
Je  prenais conscience que quelque chose de plus fort, de plus solide m'était offert par la grâce et la bienveillante attention du maître.
Je devrai vivre ultérieurement des événements bien curieux et insolites avec Paul K. et les membres de sa famille.
Il revint me voir un après-midi accompagné de son père Antoine et de son beau-frère Gilbert.
Comme je l'ai déjà mentionné, je ne savais rien de ces personnes et ne cherchais pas à en savoir plus.
Antoine venait me remercier de mon intervention pour son petit-fils.
C'était un homme merveilleux, d'une délicatesse et d'une gentillesse exquises.
Il me remit un petit paquet contenant un stylo Dupont.
Fait étonnant, je l'utilise depuis plus de dix-sept années sans le recharger. Cette encre est vraiment inépuisable.
Chaque fois que je l'utilise j'ai une pensée pour Antoine aujourd'hui disparu.
Leur arrivée n'avait rien de spontané. Ils comptaient sur cette visite pour en savoir plus sur le déroulement de leur vie.
Bref, ils étaient venus pour obtenir une "voyance".
Je les reçus dans mon bureau.
Les premiers flashs m'indiquaient qu'ils séjournaient en France depuis un certain nombre d'années.  Gilbert était avec sa famille à l'abri des événements graves qui secouaient le Liban.
Antoine m'interrogea  sur des personnes à qui  il avait confié la gestion de son portefeuille boursier.
Paul était là, et donnait l'impression d'être le témoin silencieux attendant avec intérêt le démarrage de cet entretien très particulier.
Je commençai par leur décrire le lieu de leur habitation en Guadeloupe situé dans une zone touristique en bord de mer, traversée par une longue route (point confirmé: il s’agissait de la piste d'atterrissage d'un aéro-club), puis je continuai à détailler  certains bâtiments qui leur étaient familiers.
Je recevais une série de flashs accompagnés de commentaires.
C'est ainsi que décrivant le casino de Saint François, ils furent tous très surpris de la précision des explications données.
En fait, le casino leur appartenait et j'avais devant moi  ses principaux actionnaires.
Puis  arrive le tour de Paul K. Sa "distribution" fut très riche et couvrait bien des domaines le concernant: famille, affaires...
Toutes ces personnes étaient aisées, pas vraiment riches, mais fortunées.
Évidemment  les " clichés" que je recevais et leur exactitude interpellaient mes visiteurs qui ne cessaient de me congratuler.
Ils me posèrent beaucoup de questions sur des points précis concernant les événements du Liban.
Paul était subjugué par mes visions. Sans commentaire...
Cela dura bien deux heures.
À partir de ce moment-là,  je n'eus plus de repos...
Il ne se passait pas une semaine sans que je sois interrogé par l'un ou l'autre sur des décisions qu'ils devaient prendre.
Au téléphone, je n'entendais que cela: "François, que vois-tu" ?
Ils étaient si sympathiques et si confiants à mon égard.
Cette  année-là, 1980, nous sommes invités par cette famille à passer des vacances en Guadeloupe.
Paul tient particulièrement à nous recevoir. Nous sommes reçus comme des visiteurs de marque et entourés avec une attention toute particulière, chacun cherchant à nous faire plaisir.
À  cette occasion j’ai la joie de revoir Simon, mon "petit-fils spirituel". Il est très en forme et ne porte aucune séquelle de sa maladie.
Nous sommes logés à la résidence "Les Trois Mâts" en plein centre de saint François.
C’est avec une certaine fébrilité que je découvre avec Paul les environs. Tout est là, conforme à ma voyance: j'ai sous les yeux l’aéro-club, sa piste d'envol, le club de golf..., le casino tel qu'il m’est apparu.
C'est pour moi un étonnement.
Je suis vraiment sous l'effet d'une vérité qui m'échappe.
Je réalise concrètement ce qui m'a été donné soit sous forme de flashs (images) ou de messages (paroles). Mais hélas, il est difficile d'y apporter une réponse.
Je demeure humble devant ces faits et m'en remets au Maître qui me guide.
C'est ainsi que je traduis tout cela.
Rien ne m'appartient, je n'en suis pas l'auteur. Je prends conscience de n'être que le récepteur et le conducteur d'une volonté qui me dépasse. Je ne fais que transmettre à chacun ce qui lui revient. Je n'éprouve aucune fatigue morale ou mentale.
Cette  voix est la "voix" du Maître qui ne me quitte plus. Je me trouve "branché", sans rappel..., sans avoir besoin de méditer. Je suis partout à la fois; je suis là et ailleurs sans effort particulier.
Ce séjour fut pour moi l'occasion de rencontrer des personnes de toutes confessions: des guadeloupéens, des indiens, des libanais, des syriens…
Tous m’écoutaient avec grand intérêt et me portaient un certain respect.
Je crois même qu’ils me prenaient pour un « gourou ».
Bien entendu, je ne pouvais accepter un seul instant qu'on puisse me coller une telle étiquette.
Paul était à l'origine de beaucoup de ces rencontres. Je devinais peu à peu sa façon de procéder. Ses parents, amis et connaissances, désireux d'être rassurés sur leur devenir, leurs affaires, leur vie personnelle, venaient d'abord lui rendre visite, lui, se prévalant auprès d’eux de connaître un personnage doté d’un solide don de clairvoyance et d’être de cette façon l’intermédiaire obligé.
Il me plaçait ainsi sur un trône…En réalité le sien.        
J'avoue  humblement que cela ne me touchait guère, car au fond de moi-même naissait un orgueil nauséabond dont je prenais conscience au fur et à mesure que je m'employais à briller aux yeux des visiteurs.
J'en eus un exemple lors de la venue d'un dentiste de renom, de Guadeloupe qui, un après-midi, après déjeuner, arriva sans s'être annoncé.  Je sentis après les présentations qu'il                                       attendait que je m'adresse à lui pour lui communiquer je ne sais quoi.
Paul K., une fois de plus,  était intervenu...
Je  n'eus rien à lui dire, n'ayant rien reçu pour lui. Au moment où nous allions nous quitter, je lui serrai la main tendue et lui dis sans aucune retenue: "Monsieur le président, je vous salue.
Je vous le dis, on vous appellera un jour Monsieur le Président ».
Il se présenta aux élections régionales avec l’appui des socialistes. Il y fut élu et même obtint la présidence de la région détrônant Lucette M.C.
Cette anecdote qui n’a rien d’extraordinaire fut pour moi un révélateur de la vérité du Maître.
Je devais à présent ne retenir que cela.
Rien ne m’appartenait, rien de ce qui fut ne venait de moi. J’étais fermement convaincu que je n’étais qu’un outil, un instrument entre ses mains, outil qu’il utilisait selon ses dessins.
retiré ».
Ainsi, je me rendais compte que plus je respectais cette volonté, plus mes révélations prenaient force et vérité.
Notre séjour prenait fin, il nous restait encore quarante-huit heures.
Mon temps, il est vrai, avait été très occupé. J’étais tellement accaparé par Paul K. que je négligeais la présence de Danielle ; elle en souffrait beaucoup et ce séjour lui fut très pénible.
En fait, ma disponibilité ne profita qu’à tous ces « chercheurs de voyance ».
Dans le court laps de temps qui me restait, après avoir quitté le « dentiste président », Paul K. m’emmena visiter un terrain en bord de mer où il avait l’intention de faire bâtir une résidence.
Il me demanda mon sentiment sur le projet, sur le risque financier…Bref, il tenait à être rassuré.
La résidence, je la projetais. Je voyais fort bien les images de cet ensemble. Je rassurai donc Paul K., mais une condition lui était imposée : se rendre à minuit sur le bord de la plage du lagon et procéder à la purification de son mental, de son âme et de son esprit. Cette disposition m’était soufflée. Je percevais en lui une certaine « crasse » dont il devait se défaire avec l’aide du ciel et des maîtres.
Je lui proposai donc de nous rendre en ce lieu comme convenu.
A minuit, nous nous retrouvons sur le sable, entourés de cocotiers. La nuit était éclatante de lumière et éclairée par la pleine lune et ce à notre insu. Etait-ce un signe du ciel ?
L’atmosphère était fraîche et une légère brise marine nous enveloppait.
Je me laissai guider sur l’objet et la manière d’entreprendre le rituel.
Je dessinai un grand cercle sur le sable et, tout en nous tenant à l’extérieur, je le complétai jusqu’à faire apparaître « MO.JES.MO ».
Je fis mettre Paul au centre, puis je mis notre présence sous l’égide de Maître Hilarion.
J’invoquai la présence de la Vierge Marie, de Saint Jean Baptiste, de Saint Michel et du «  Maître le Seigneur Jésus ».
Nous étions l’un et l’autre totalement enveloppés, adombrés.
Paul me dit alors, que mon visage, que ma personne changeait dans un halo.
A sa grande surprise, il vit apparaître sa fille, décédée enfant.
Il en avait les larmes aux yeux.
Après cette échange insolite, il ajouta : « François, je viens d’apercevoir ma fille, j’en suis bouleversé, c’était bien elle. Elle était née avec une malformation de l’oreille gauche. Je l’ai remarquée, tu n’avais plus d’oreille gauche ».
Elle me demanda alors, d’intercéder auprès de son père pour que je puisse lui rendre visite au cimetière de Pointe-à-Pitre. « Ne lui demande rien, me dit-elle, ne cherche pas à savoir où je repose. Je te guiderai sur place ».
J’étais sous l’effet de cette rencontre. Cette voix enfantine résonnait dans ma tête.
En vérité, je n’avais aucune explication à donner à Paul K.
Lui ayant fait part de la demande de sa fille et désireux de respecter son souhait dans le court laps de temps qui me restait, nous décidons de nous rendre au cimetière le lendemain matin.
Le lendemain, vers 11 heures, Paul m’y emmène en voiture.
Arrivé sur les lieux, il me laisse me diriger vers l’allée centrale.
Je le sens curieux et perplexe de me voir seul retrouver la tombe de l’enfant au milieu de toutes ces sépultures.
Très confiant du message reçu « je te guiderai… », je me laisse guider dans les allées de ce cimetière que je ne connais pas.
Après quelques hésitations, je finis par trouver le caveau familial et arrive sur la tombe où repose, seule, sa fille. Paul est très ému.
Notre recueillement est vite interrompu par la voix de l’enfant qui me dit : « là où tu vas, j’étais ».
Surpris, je répète à Paul ce que j’entends, puis, je rebrousse chemin et guidé par la voix de l’enfant, je me laisse conduire.
Après quelques pas, quelques détours, je m’arrête net devant une chapelle mortuaire assez bizarre, bariolée, semble-t-il, à la chaux, d’une multitude de couleurs.
Paul qui me suivait, s’arrête également, esquisse un sourire, très satisfait de mon périple.
Il me dit, après que je me sois recueilli, « François, tu as devant les yeux la réponse au message : « là où tu vas j’étais ».
Avec une certaine fébrilité, il ajoute : « je te dois quelques explications. Lorsque ma fille est décédée nous n’avions pas de caveau  familial.
En attendant sa construction, son corps a reposé dans cette chapelle aux couleurs du Liban".
Cette visite fut pour Paul la preuve que c'était bien sa fille défunte qui m'avait guidé.
Il en était à la fois bouleversé et heureux.  Et d'ajouter comme d'autres: "François, vraiment, tu es très fort".
Je  lui répondis ceci,  avec beaucoup de chaleur et d'amour: "Paul, ce n'est pas moi, ce sont les Maîtres, c'est leur œuvre.
À présent ta foi ne peut qu'être renforcée.
Tu as entendu,... tu as vu. Désormais soit humble et remercie le ciel de t'avoir accordé tant de richesses autres que celles qui existent et que tu possèdes".
Nous reprîmes alors le chemin du retour.
Je lui demandai de garder le silence sur ce vécu.
Je pense qu'il n'en fut rien...
Durant  les quelques heures qui nous séparaient de notre départ pour la métropole, Antoine, son père se rapprocha beaucoup de moi.
Tous ces moments furent inoubliables et renforcèrent ma conviction profonde que j'étais servi.
Très heureux de sentir cette présence permanente du Maître, je remerciai le ciel de me combler de tant d'attention.
Sans souffrance, sans que ma vie en soit altérée, je vivais sur deux plans en permanence.
Les «moments servis "et les occupations courantes de la vie se chevauchaient naturellement de façon harmonieuse.
Je rentrai chez moi dans ce même état d'esprit.