Rencontres dues au hasard, rencontres organisées par les hautes volontés divines, je n'en sais absolument rien.
Je sens que de plus en plus, une volonté autre que la mienne, gère mes facultés mentales.
Je suis, sans être maître de ma volonté.
Les actions naissent selon un processus qui m'est étranger.
Pourtant j'adhère bien volontiers, sans regret, avec une totale confiance.
Je ne sais pourquoi, poussé par une « voix », j'exécute les ordres qui me sont transmis.
Aucune révolte de ma part, aucune résistance face à cette "incohérente" exécution.
J'écoute les êtres qui me côtoient, j'écoute de plus en plus la nature, le ciel, la terre, la mer.
Je plonge dans un monde nouveau, où je me sens si bien.
Je sens à chaque instant que mon souffle, tout en m’appartenant n'est plus mien.
Je colle à une force qui fait de moi un "esclave" du Maître.
Je demeure constamment à l'écoute mais ne suis nullement gêné dans mes charges professionnelles. Je travaille sans fatigue tout en étant disponible face à l'événement qui peut survenir à tout
moment.
Je pense sans penser, je parle sans parler... Que dis-je ?
Est-ce que j'existe bien dans ce monde qui m'entoure ?
Je suis seul, totalement seul...
C'est à la fois un bonheur immense qui m'enveloppe, une joie, une joie immense mais aussi paradoxalement une souffrance qui s'y rattache...
Je prenais de plus en plus conscience, que je vivais quelque chose d'étrange qui m'était étranger.
Le fait de me rapprocher d'une personne, m'entraîne dans des révélations non demandées. Aussi modeste que soit la personne, sa vie devient mienne.
Je prends acte, après maintes souffrances, que l'on me donne la force, le pouvoir de lire dans le cœur de chaque femme de chaque homme.
Mes révélations confondent dans un souffle de vérité l'autre et mon être... mon cœur... mon âme.
Je prends également conscience de cette chaleur qui m'enveloppe lors de tous mes contacts.
Je suis comme le miroir, le reflet de leur personnalité.
Ils sont nus devant moi. Je lis en eux comme dans un livre qui est leur vie avec ses joies, ses peines, ses soucis.
À maintes reprises, je suis amené à faire des révélations qui dépassent tout entendement.
Curieusement, je rencontre à chaque "occasion" des personnes perdues dans leur vie embrouillée.
Ma façon de les aborder ne les choque nullement, je suis une vérité qu'ils se doivent d'écouter parfois avec le sourire, souvent dans l'appréhension.
Combien de fois, ai-je lu dans leur regard cette crainte très parlante: "Comment ce type là peut-il savoir qui je suis ? Quel obstacle vais-je rencontrer ?
Mariage... Divorce... Inceste... Viol... Profit... Gain... Vie intime... Tout y passe, tout, sans avoir à faire un quelconque effort d’écoute.
Cette situation ne me dérange aucunement.
Je suis volontairement tout au Maître. Il est constamment là au cours de chaque rencontre entre la personne présente et mon âme réceptrice.
Tout dialogue débute par une impulsion me poussant vers la personne concernée. Je l'aborde tout simplement puis, dès que je perçois la phonétique du dialogue, je transmets tout ce que je
reçois.
À la grande surprise de chaque intéressé, celui-ci se reconnaît à travers des faits vécus et est parfois même projeté vers son avenir.
Ce fut pour moi une période riche, très riche. J'étais le plus heureux des hommes. J'étais constamment au service de toutes celles et ceux qui devaient recevoir selon une volonté... volonté divine
pour moi.
Tel un enfant, j'allais sans réfléchir, sans heurt, vers cet Amour de servir.
Mais en fait, je ne savais rien d'autre que ce qui m'était donné.
Jamais je n'eus à donner une parole qui ne fut reconnue par le Maître.
Je le répète, je fus, j'étais, je suis par la volonté divine l'homme sur terre le plus heureux.
Ce "service" que je rends encore aujourd'hui dure depuis trente ans.
…
Nous sommes en 1978. Cette année-là, je rencontrai au cours d'une réunion spirite quelques adeptes dont une certaine Nelly. Je n'avais pas encore participé à ce genre de séance où se dévoilaient sous
hypnose le passé, l'avenir, les réincarnations.
Cette dénommée Nelly semblait être l'animatrice de cette soirée occulte et oh combien mystérieuse pour moi.
Telle une prêtresse, elle annonçait à chaque participant l'avenir qui l’attendait.
J'étais totalement indifférent, mais attentif.
Quand mon tour fut venu, Nelly face à moi, me salua selon son rite en m'interpellant ainsi: "Je te salue Cagliostro, te revois là parmi nous."
En chœur, les personnes présentes reprirent: "Nous te saluons Cagliostro."
Qui était ce personnage qui méritait d’aussi vénérables salutations ?
Nelly, une fois "revenue" à elle, me précisa que j'étais, dans une vie antérieure, un haut personnage occulte, mystérieux, du nom de Cagliostro qui fit parler de lui avant la révolution de
89.
C'est également cette Nelly qui me présenta peu après quelqu'un vers lequel je me sentis attiré. M’étant rapproché de lui, je m'apprêtais à lui communiquer ce que je recevais à cet instant mais
le Maître ne m'autorisa pas à parler.
Peu de temps après, nous prîmes rendez-vous chez lui... en fin de journée.
Nous étions presque voisins, lui habitant Bièvres et moi Palaiseau. Accompagné de mon épouse, nous fûmes gentiment accueillis par Patrick et sa femme Marie au milieu de leurs trois merveilleux
garçons, tous étudiants...
À un moment donné, alors que Marie s'apprêtait à nous servir le café, je sentis l'appel du Maître qui me disait ceci: "Vois-tu cette femme, elle est la réincarnation de Marie Stuart."
Curieusement, c'était la deuxième fois qu’au cours d'une réunion j'entendais ce terme "réincarnation".
Ayant fait part à Marie du message reçu, celle-ci se leva et revint tenant en main une reproduction ancienne. Me l'ayant remise, elle ajouta: "Voici le portrait de Marie Stuart que je garde dans mon
armoire sous des vêtements."
Elle était bouleversée et fort étonnée de cette révélation. Patrick silencieux, souriait en me regardant.
L'entrée en matière était assez surprenante pour nos hôtes et je sentais que j'avais autre chose à dire mais cette fois à Patrick, en aparté.
Laissant nos femmes converser entre elles, nous nous retirâmes discrètement dans une autre pièce pour transmettre à Patrick des messages très personnels
Je n'en revenais pas... Ce que je recevais m'indiquait exactement le genre de travail très particulier qui était le sien.
C'est tout juste si je n'étais pas tombé dans un traquenard. Oui, il s'agissait bien de cela mais pour Patrick. Officier du renseignement à la DGSE il vivait dans un milieu sombre et plein
d'embûches. Je me demandais vraiment ce qu'il faisait dans un tel panier de crabes. Je jugeai qu'il n'était pas du tout fait pour cet emploi.
Nous étions à l'époque en période très troublée, l'ambassade d'Iran était bouclée et la police gardait cette ambassade. Des événements sérieux plongeaient la France dans une situation
inquiétante.
Soudain, je pris la parole. Le Maître était là présent entre nous deux. "Patrick, dès demain tu devras te rendre au" Jean Bart " pour accomplir une mission. Fais en sorte de l’éviter, car tu
cours un grand danger. Tu prends des risques graves en t’y rendant."
Patrick, très touché par ce message me fit des confidences sans pour autant mettre en cause son Service. Il me confirma ce rendez-vous avec d’autres collègues sans en connaître encore le lieu
exact confirmé par la suite.
Continuant à recevoir, je visualisais nettement et avec précision ce lieu.
Le bâtiment des Invalides se dessinait sous mes yeux, je percevais le chemin pour s’y rendre. Je vivais la scène du lendemain.
Je comprends bien, Patrick, ajoutais-je, que ton refus de t'y rendre paraisse suspect. Sois prudent dans ton approche, invoque n'importe quelle cause, mais n'y vas pas ta vie est en
danger."
Après une nuit de réflexion, il m'appela le lendemain matin pour me faire part de sa décision d'éviter ce rendez-vous.
Je ne sus quelle raison il invoqua et nous n'en reparlâmes plus.
Nos relations furent à partir de là, très fraternelles. Nous nous retrouvions souvent pour partager nos impressions.
Je lui faisais part du type d'écoute dont je bénéficiais de la part du Maître.
J'étais décidé à faire avec lui un long chemin dans la connaissance, dans le savoir de la vie des Maîtres. À maintes reprises je le mettais en garde de son entourage, lui évitant
ainsi quelques pièges.
Car j'étais convaincu que Patrick méritait cette particulière attention et que le Maître voyait en lui un être méritant qu'il fallait protéger...
Nos liens très étroits nous rapprochaient de plus en plus.
Nous partagions avec joie "les messages "que je recevais et il me faisait part de ses intuitions.
Un soir, à Bièvres, il me présenta un ami: Michel, comme lui officier du renseignement dans le même service.
De la façon dont il s'entretint avec moi, je compris qu'il était lui aussi intéressé par la vie occulte, spirituelle, et par tout ce qui paraissait insolite à ses yeux.
Je ressentis le besoin de lui parler en insistant sur le fait que je ne faisais pas de prosélytisme, que mon parcours n'avait rien d'une adhésion sectaire que ma situation était tout simplement
le fait d'un " vouloir être" au service de la lumière et que je partageais mon don avec les être méritants.
Il sembla convaincu et mes paroles l’atteignirent au cœur comme il me dit.
Il y eut alors un mais... ?
Depuis quelque temps lorsque je décrochais le téléphone soit pour appeler une personne, soit pour répondre à un appel, j'avais le sentiment d'être sur écoute.
À la première visite de Patrick, je le mis au courant de mon intuition.
Très inquiet et après enquête, il me confirma que nous étions lui-même, Michel et moi surveillés.
À partir de là, j'invitai mes amis à ne plus m'appeler au téléphone ne voulant pas qu'ils aient à courir le moindre risque.
Quelques semaines passèrent, puis un jour Patrick me demanda si je pouvais recevoir une autre personne de son " service "que Michel et lui avaient cooptée. S’étant entretenus tous les
trois à mon sujet, elle avait manifesté le souhait de me rencontrer.
Toutefois, avant de donner ma réponse à Patrick, je me mis en contact avec le Maître: "Fais preuve de prudence... Elle vient pour vous trahir. Mais il faut la recevoir car tu dois lui communiquer ce
qui te sera dit ». Je n'en dis mot à Patrick et lui donnai mon accord.
Le samedi matin suivant, mon épouse se mit en charge de préparer avec amour un repas digne de notre invitée.
À 13 heures, Patrick et Michel accompagnés d'une jeune femme, se présentent à la porte du pavillon.
Très avide de connaître l'invitée, je me précipite à la porte. Michel et Patrick s'effacent poliment pour me présenter l'amie...leur chère amie: "Voici Odette, notre collègue et amie. Nous
travaillons ensemble et elle désirait faire ta connaissance. Nous te remercions de nous accueillir tous à ta table."
Au même instant, je recevais: "François, tu accueilles un serpent, méfie-toi d’elle, fais attention à tes propos."
Au cours du repas je ne dis rien qui pût troubler son déroulement. Mais au moment de servir le café, je sentis en moi monter un sentiment de révolte. Et, à la fraction de seconde où j'allais
m'emporter, je sentis un bien-être m'envahir, une quiétude, une profonde sérénité. Je sentais en moi la présence du Maître, sa vibration phonétique était là: "Chère Odette, permettez-moi de
vous appeler ainsi.
Qu’êtes-vous venue faire chez moi ? Car, à l'instant où je prends la parole, "on" me dit que vous êtes là, non pas par curiosité ou par intérêt personnel, mais seulement pour me trahir... pour nous
trahir.
Votre hiérarchie vous a donné la mission de surveiller vos amis, de nous surveiller et de faire votre rapport à votre retour au service."
Ce que je venais de dire fit l'effet d'une bombe. Patrick, Michel et même mon épouse furent choqués. Quant à Odette, non démontée, elle sourit de façon câline et me dit: "Pourquoi me
dites-vous cela, François, je ne vous veux aucun mal et respecte mes amis."
Je ne lui laissai pas terminer sa phrase, la confrontation devait avoir lieu, je l’invitai à me suivre jusqu'à mon bureau où j’avais l'habitude de recevoir mes visiteurs. Ce qu'elle fit avec
calme.
Je lui fis alors part de l'impression qu'elle m'avait faite lorsque je l'aperçus au seuil de ma porte.
Elle n'était pas très à l'aise. L'ouverture était là; j'étais à l'écoute du Maître et lui communiquai tout ce que je recevais.
Je la sentais désarçonnée, plongée dans un étonnement continu tout au long de l'entretien. À l'issue du message, elle me dit seulement: "François, merci."
Je ne suis pas en mesure de dévoiler au lecteur ce qui lui fut dit. Je retrouvai sa trace au service de l'Elysée. Avec grand mérite, elle avait su s'imposer.
Patrick et Michel n'eurent plus l’occasion de m'entretenir d’elle.