Chapitre 5: 1974 - Le leg retrouvé

Parallèlement à ma vie de "Service ", ma vie professionnelle progressait avec un certain succès. Je m'élevais dans la hiérarchie sans quitter mon domaine. Également, mon champ visionnaire s’ouvrait de plus en plus.
Il  me suffisait de croiser une personne pour ressentir immédiatement ses préoccupations. C’est ainsi, qu'un jour, je croisai dans le hall du centre d'études une jeune femme. Rien ne laissait apparaître en elle le problème que j'allais découvrir. Je l'arrêtai au moment où elle était à ma hauteur pour l'entretenir.
À sa grande surprise, je lui demandai si autour d'elle il se trouvait une personne, membre de sa famille, souffrant du cœur.
Elle me répondit aussitôt que sa mère souffrait de problèmes respiratoires, qu'elle était soignée par son médecin et que, malgré le traitement suivi, elle ne constatait aucune amélioration.
Je lui demandai si, éventuellement, je pouvais lui rendre visite. Elle accepta d'emblée, une certaine attirance nous rapprochant. J’étais, bien malgré moi, poussé vers cette famille. J’éprouvai le besoin de manifester mon " savoir ", sous la pression de cette voix qui, à présent, m'indiquait qu'il fallait prendre en charge  cette mère handicapée.
Un soir, à la sortie du bureau, je lui rendis visite.
Les présentations faites, une confiance mutuelle s'instaura aussitôt entre nous.
Je lui demandai, en présence de son mari et de sa fille, de bien vouloir se coucher au centre du lit. Bien calée, elle commença par être inquiète en voyant mon comportement, alors que je j'opérais sur elle une série de gestes incontrôlés. Je ne savais pas ce que je faisais. J'étais entièrement sous l'emprise d'une intervention qui m'était étrangère.  Toujours couchée au milieu du lit, cette femme se mit à trembler de tous ses membres. Son corps, selon les deux témoins, faisait des sauts, comme aspiré par une main de géant. Cela dura quelques secondes.
La prenant alors par les épaules pour l'asseoir dans son lit, j'imposai mes mains sur son dos en récitant une invocation qui venait de m'être " soufflée ":

"PERE, EN TON TRES SAINT NOM,
 QUE CE QUI A ETE DIT,
 SOIT REDIT,
 QUE CE QUI A ETE FAIT,
 SOIT REFAIT,
 PAR TA TRES SAINTE GRACE "


Cette invocation devint ma prière d'intervention auprès des malades.
Le calme revint dans la pièce en présence des siens.
Personnellement, j'eus l'impression de revenir de bien loin. C’est ainsi que sa fille me dit toute hésitante:
"C’est curieux, vous m'avez donné l'impression d'être toujours absent pendant cette "opération". Au moment où vous avez croisé vos bras sur votre poitrine, maman s'est mise à gesticuler, à m'en faire peur.  Puis elle s'est arrêtée de sautiller dès que vous avez prié.  Son corps a alors pris la position d'une personne défunte sur son lit de mort.
J'ai longuement réfléchi par la suite à ce qui venait de se passer. Malgré moi, le Maître avait agi pour le bien-être de cette mère.
Cette  femme n'eut plus à souffrir de son insuffisance respiratoire.
Elle vit toujours. Je garde un souvenir heureux de " cette première ".
Lorsque je croisais sa fille dans l'enceinte de l'entreprise, je ne manquais pas de demander de ses nouvelles.
Depuis, cette famille nous est restée très liée.
Je me rendais compte que j'étais "enveloppé" d'une sorte de halo permanent qui me tenait à l'abri de tout événement négatif.
Une foi naissante entretenait mes pensées.
Je  me demandais où tout cela allait me mener. Ma grande frayeur venait de ce que je n'avais aucun moyen de gérer ces situations.
J'allais vers les gens au risque de paraître "loufoque ".
Je  craignais que l'on découvre mes agissements et leur incidence sur ma réputation et surtout, sur ma vie professionnelle. Aussi, demandais-je à chaque intervention que l'on respecte le silence.
Vraiment, je me souciais beaucoup du qu'en-dira-t-on...
Les rendez-vous ne cessèrent d'augmenter. Je recevais à présent le soir, à partir de dix-huit heures trente et le samedi toute la journée.
Ce Service absorbait tous mes instants de loisir et de détente familiale. Je remerciais mon épouse de sa grande tolérance. Mais à diverses occasions, notre couple frôla la rupture...
Cependant, une force invisible maintenait la cohérence de notre petite famille.
Je vivais à présent en permanence avec le "Maître".
Rien ne se faisait, rien ne se passait sans qu'Il fût présent.
S'il m'arrivait en pleine journée d'avoir quelques interrogations sur des sujets professionnels ou personnels, j'avais immédiatement la réponse à la question posée.
Cette intimité avec le "Maître" me confortait dans cette spirale évolutive qu’est la connaissance. Je ne ressentais aucun besoin d'apprendre. Tout m'était donné dès l'instant où je posais ma question.

Nous avions comme voisins un couple de retraités, très chaleureux.
Lui, avait fait la guerre de 1940.
Souvent, le soir, il attendait que je sois rentré du bureau pour me faire signe.
Je le rejoignais chez lui et là, il éprouvait le besoin de me raconter sa vie et principalement sa période de guerre.
Prisonnier, puis libéré... Tous ses moments de souffrance me furent narrés. Je l’écoutais, car je sentais bien qu'il avait besoin de parler.
Nous étions en juin et je vis que le visage de Mr L. changeait.
Son menton était rongé d'une large plaie. En questionnant mon pendule, je diagnostiquai un cancer facial.
Posant alors la question sur sa date de "transition ", il me fut répondu le mois d'août...
Nous nous apprêtions à partir en vacances à Toulon, car l'état de santé de ma mère ne s'améliorait guère. Elle acceptait son état avec beaucoup de sagesse, sa foi l’aidant.
Avant de partir, nous saluâmes ma femme et moi notre voisin.
Je le vis bien fatigué, son teint jaune m’indiquait que son foie était touché et que sa fin était proche.
Pendant notre séjour à Toulon, alors que nous étions invités chez l'une de mes belle-sœurs, j'entendis la voix de Mr L. au milieu du repas : "François, je vous remercie pour toute l'attention que vous avez eue à mon égard. Je vous dis adieu".
Je mis au courant mon épouse du message reçu.
À notre retour à Palaiseau, sa femme, me confirma la date de la mort de son mari.  Tout correspondait à l'événement  reçu à Toulon, lorsqu'il vint me dire "Adieu ".
Sa veuve était bouleversée.
Au chagrin, s'ajoutait un problème pécuniaire. Elle  m'apprit que, bien que vivant avec Mr. L.,  elle n'était pas mariée.
Les  enfants du défunt voulaient récupérer le pavillon dans lequel elle résidait.
Mon épouse l'ayant invitée, un jour, pour rompre un peu sa solitude, elle lui confia que Mr. L. lui avait laissé quelque argent sans lui indiquer, avant de mourir, où il l’avait caché.
M'en étant assuré auprès d'elle, je lui demandai si elle me permettait de le chercher ensemble.
Après le repas, muni de mon pendule, je me rendis à son pavillon et, en sa présence, je commençai mes investigations.
J'avais localisé après quelques minutes le lieu où se trouvait cet argent sans qu'aucune précision ne me fut donnée.
Pendant une bonne heure, je tournai et retournai tout dans sa chambre à coucher sans résultat. Je constatais qu’à chaque fois que je m'approchais du poste de télévision, le pendule s'emballait. Je m'approchai donc du poste. Là, à présent, j'étais sûr que l'argent s'y trouvait. Je soulevai le poste... rien.
Je demandai un tournevis et me mis à démonter le cache arrière.
Sur une petite plate-forme à l’arrière se trouvait une enveloppe entourée d'un élastique... Je l'ouvris et découvris l'argent attendu. Mme L. m'embrassa spontanément.
Quelques semaines plus tard, elle quitta le pavillon pour résider à Igny dans une HLM très nettement améliorée en compagnie de son frère handicapé qu'elle avait pris avec elle.
Nous eûmes l'occasion d'aller lui rendre visite dans sa nouvelle demeure.
Là, encore, je ne peux  passer sous silence un moment marquant de l'évolution de mes perceptions.
Je vivais chaque jour une nouvelle " aventure ".
Ainsi Mme L., après le décès de son mari avait tenu à inviter quelques personnes de son entourage.
En bonne alsacienne, elle nous fit une succulente choucroute très appréciée de tous.
Nous étions les derniers invités arrivés.
A table, nous dûmes nous serrer un peu pour trouver une place. J'étais auprès d'une femme charmante, très distrayante qui mettait beaucoup d'animation.
Très serré, par manque de place, ma jambe droite touchait sa jambe gauche.
Je ressentais depuis quelques instants, une froideur provenant de cette jambe qui touchait la mienne.
Très étonné de cette sensation, je dis à haute voix pour que tout le monde m'entende: "Madame, veuillez m'excuser, je ne sais pas ce qui se passe, mais vous avez une jambe très froide et je ne peux supporter cette froideur ".
Il y eut soudain, un silence de mort. Elle me regarda fixement et d'un ton attristé me répondit: "Monsieur François, cette jambe que vous frôlez est une prothèse".
Mon Dieu, que cet instant fut pénible pour moi et pour l'ensemble des convives.
Mme L. nous donna quelques explications sur l'infirmité de son amie.

Je n'étais déjà plus moi-même.
Je demandai à cette invitée de m'accompagner à l'écart des convives et lui fit part de ma vision.
"Vous avez perdu, lui dis-je, votre mari pendant la dernière guerre mondiale. Il a été fusillé par les allemands et malheureusement vous ne savez pas où repose son corps.
Depuis 1942, vous êtes dans l'ignorance de ce lieu.
Cette brave personne que je venais de plonger dans la gêne avec ma découverte de sa jambe artificielle... se mit soudain à pleurer tout en me disant: "Mais, Monsieur François, qui êtes-vous » ?
Je lui répondis qu'elle ne devait plus m'interrompre et que sagement elle devait écouter ce que j'allais lui révéler.
"Votre époux repose en forêt non loin de Strasbourg.
Avec une carte détaillée de la région nous allons rechercher son lieu de repos.
Quelques jours après, en sa présence, j'entrepris de questionner mon pendule tout en le laissant glisser sur la carte. Soudain, il se mit à tourner avec force au-dessus d'un point situé effectivement non loin de Strasbourg. Une coloration verte de la carte m'indiquait que nous étions en lisière de forêt.
Muni de tous ces renseignements, elle entreprit le voyage.
Alors que cet entretien était déjà sorti de mon esprit, elle m'appela quelques mois plus tard et me raconta son aventure.
Par une publication d'un journal local, elle avait appris qu'au cours d'une promenade, des enfants avaient découvert dans une zone tapissée de fougères et de feuilles mortes, une croix qui semblait abandonnée.
On entreprit de creuser, et on exhuma les reste d'un mort: ossements, cheveux, un vieux portefeuille tout moisi par l'humidité de la terre et un pendentif qu'elle reconnut comme étant celui porté par son mari fusillé par les allemands.
Probablement, une âme charitable l'avait enterré là.
L’anecdote de la jambe de bois avait été le point de départ, le fil conducteur conduisant à cette découverte mettant un terme à cette énigme.
J'eus à vivre de nombreux faits similaires.
Une fois encore, par le souffle et la volonté du Maître, j'avais été l'instrument qui devait apporter la paix à ces deux âmes.
Ainsi s'écoulaient mes journées ponctuées de ces faits vécus hors de toute logique.