Nous étions à la recherche d'un pavillon situé autant que possible dans la proche banlieue parisienne.
Fontenay aux Roses nous plaisait beaucoup, mais hélas, les prix y étaient trop élevés pour nos moyens. C'est donc dans les environs que nous centrions nos recherches.
Une nuit, étais-je endormi, somnolant ou éveillé, je ne puis définir avec exactitude l'état dans lequel je me trouvais lors de la rencontre que je fis.
Je vis là, au pied de notre lit, un personnage velu, tel un orang-outan, la main bien ouverte me présentant un pavillon. Avec insistance il portait son regard de la maison placée sur la paume de sa
main vers moi.
Nous étions un samedi.
Je décidai de faire une sortie en famille autour de Fontenay aux Roses en quête donc d'un pavillon à acheter
La plus proche banlieue était Palaiseau, Verrières le buisson etc. Je décidai de commencer par Palaiseau.
En parcourant cette ville, nous fûmes transportés par son charme.
Nous parcourûmes le centre de l'agglomération pour arriver à un lieu dit le Pileu.
Tiens, tiens… " Le Pileu ".
Je fis tout à coup le rapprochement avec le personnage de la nuit.
En prenant la rue de l'Effort Mutuel, j'arrivai à la rue de la Sablière, quand tout à coup, là, sur ma droite, je vis le pavillon que le "velu » m’avait présenté dans le creux de sa main.
Incroyable mais vrai.
Je m'arrêtai, et avec mon épouse, nous cherchâmes à nous renseigner, à la vue de la pancarte
« A VENDRE" sur la grille d'entrée.
Nous rencontrâmes alors un couple de retraités qui nous renseigna et nous fit visiter les lieux.
Ce pavillon venait d'être achevé.
Le propriétaire, un jeune pilote d'hélicoptère, venait de périr avec son appareil, alors qu'il prenait des photos aériennes.
Ce fut pour moi le coup de foudre. Ce pavillon nous plut et après un mois de démarches nous prîmes possession des lieux, au mois d'avril 1972.
Vraiment, cette affaire fut conduite comme si j'étais rentré chez mon boulanger pour acheter une baguette de pain.
Une fois encore, je me fiai à cette intuition, à cette visite nocturne, sans chercher à analyser le pourquoi du comment.
Je me sentais des ailes. J'étais guidé et je tenais à respecter ce qui m'était donné. Je dis bien ce qui m'était donné.
C'est en toute conscience que je me fiais à cette " voix " riche en événements concrets.
Avant d'occuper les lieux et de quitter Fontenay aux Roses nous procédâmes avec mon épouse et des amis à la finition du pavillon.
Je remerciais le ciel et respectais aveuglément cette volonté du guide tout en me maintenant dans une logique de réceptivité cosmique. J'étais une fois de plus étonné par ma " légèreté" à m'exécuter
sans trop réfléchir.
Je vivais une période de total renouvellement de ma vie tant familiale que professionnelle.
Mon épouse avait un poste à Bourg-la-Reine comme adjointe du responsable administratif d’une banque. Ma fille allait en classe dans une école religieuse de Bourg-la-Reine et j'avais eu moi-même
la chance de trouver un poste de chef de groupe de comptabilité dans une grande entreprise Française de Radio Téléphonie et Transmission, tout un symbole.
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Nous étions en Paix.
Notre grande joie était de recevoir des amis durant le week-end autour d'une grande table ouverte que Danielle savait garnir avec art.
Notre fille invitait de temps à autre des camarades d'école pour célébrer fêtes et anniversaires ou pour simplement avoir le plaisir de se retrouver ensemble.
Le supérieur hiérarchique de ma femme habitait dans le voisinage, à Igny. C’était devenu un ami et nos deux ménages sympathisaient.
Nos relations avaient pris une forme très conviviale et c'est avec grand plaisir que nous nous retrouvions souvent ensemble les dimanches.
Nous allions vivre une aventure insolite qui fut pour moi l'un des événements marquants de mon évolution à la fois mystique et spirituelle.
J'avais pris l'habitude de "tirer" les cartes et, après le repas, Guy aimait bien que je lui fasse un tirage.
Souvent dans son jeu apparaissaient les sept épées du tarot de Marseille.
Je lui disais "vois-tu Guy tu es protégé, il ne pourra rien t’arriver de méchant. Ces sept épées te protégeront quoi que tu en penses.
Cependant, je ne lui disais pas que je voyais la mort rôder autour de lui.
Je ne tenais pas à l’effrayer, car malgré le scepticisme qu'il affichait, il était très sensible. Je lui cachais donc cet aspect de la lecture.
Un samedi soir, nous étions réunis pour dîner ensemble à la maison.
La soirée fut longue puisque nous nous quittâmes vers une heure du matin.
Notre chaudière de chauffage central nous causait quelques soucis. De temps en temps le brûleur s'arrêtait et il était urgent de faire venir un chauffagiste.
Ayant un ami commun chauffagiste, Guy me dit en partant : "fait venir Marcel, car ta chaudière tombera en panne ".
Nous nous quittâmes sur ces derniers mots.
Au milieu de la nuit, vers 3 heures du matin, j'entendis un grand vacarme venant du sous-sol. La chaudière manifestait des signes de disfonctionnement. Je descendis l'escalier menant au
sous-sol et constatai son arrêt.
Je remontai les marches pour informer mon épouse de la panne lorsque franchissant la porte donnant sur le couloir, celle-ci se referma derrière moi dans un fracas épouvantable.
Je me mis au lit. Je n'étais pas sitôt couché, qu’un vacarme causé par des coups portés sur les vitres me fit à nouveau sortir du lit.
Valérie, notre fille, qui occupait une chambre contiguë à la nôtre, venait d'être réveillée par un bruit de coups répétés sur le bras articulé de sa lampe de bureau. On aurait dit qu'un
ensemble orchestral jouait un morceau de percussionniste.
Nous étions à raison effrayés.
Le bruit incessant sur les vitres ne s'arrêtait pas et le bras mobile répondait en écho à cette cacophonie.
Je me mis alors à prier, mais à prier en m'adressant à une personne que je ne voyais pas mais dont la présence était manifeste.
"Qui es-tu ? Que me veux-tu ? Puis-je t’aider ? As-tu besoin d'aide ? Qui que tu sois, je suis là, j'accepte ta présence".
Une fois ce monologue terminé, le calme revint dans la maison.
Tout à coup, dans le silence de la nuit, j'entendis le bruit de la chaudière qui se remettait en marche sans aucune intervention.
Mystère... Mystère.
Le lendemain matin, au réveil, nous étions tous sous l'effet de cette nuit incroyablement étrange.
Nous passâmes la journée chez des amis, à Nogent-sur-Marne. Danielle avait hâte de rentrer. Vers 18 heures, le téléphone sonna. Danielle décrocha.
Je l'entendais dire : "non, comment est-ce possible, mais à quel moment est-ce arrivé ? Nous n'étions pas là... Nous étions invités... J'arrive ».
Elle raccrocha et m'informa que la femme de Guy venait de lui annoncer que son mari après nous avoir quittés, vers deux heures trente du matin, avait eu une crise cardiaque.
Dans son affolement, elle n'avait pas songé à nous prévenir.
Danielle partit alors la rejoindre pour ne pas la laisser seule.
Elles prirent des nouvelles de Guy qui se trouvait dans un service de réanimation.
Il était à présent hors de danger.
Je ne pus lui rendre visite à l'hôpital que le lendemain soir, accompagné de Danielle.
Je vis un Guy bien pâle dans son lit, souriant malgré tout et qui me dit dans un élan spontané: "François, durant tous ces instants tu ne m'as pas quitté. Tu étais là au pied de mon lit et tu
me disais Guy respire... Guy respire... Tu as les sept épées au-dessus de la tête. Il ne peut rien t’arriver. Respire Guy... respire".
C’est à ce moment précis que je reçus la réponse à tous ces bruits de la nuit : la chaudière... Guy m'en a parlé sur le seuil de la porte... Ce vacarme sur le bras de la lampe... Et ces vitres
qui ne cessaient de claquer.
Tous ces phénomènes auraient dû m'alerter.
Guy avait manifesté sa présence et malheureusement, je n'avais pas su interpréter ses messages, son appel.
Il devait, sept années plus tard, décéder d'une crise cardiaque, alors qu'il se trouvait en vacances en Turquie.
Son départ nous causa un grand chagrin.
C’est dans ce nouveau pavillon de Palaiseau que je reçus pour la première fois un message.
Une " voix" claire, nette, précise, me dit un soir, alors que je me trouvais dans mon bureau en train de travailler à ma comptabilité:
"François, sois la carpette sur laquelle le plus grand nombre possible de chaussures crottées viennent se frotter".
Que signifiait ce type de message ?
"Tu ne percevras nul denier, si non tout te sera retiré"
"A présent, il faut que tu saches que tu œuvreras selon mes souhaits.
« Si ton silence est à l’image de ta persévérance, tu recevras tout ce dont tu auras besoin dans la mission qui sera tienne.
« Tu soigneras en imposant tes deux mains sur les âmes qui viendront vers toi, sans percevoir en retour une quelconque rémunération.
« Ta clairvoyance sera telle, que tu sauras le présent, le passé et l'avenir ».
« La fenêtre de la connaissance sera en permanence ouverte afin que tu puisses recevoir malades et inquiets ».
« Ton œuvre sera mon œuvre, ton service sera mon service et c'est en mon nom que tu opéreras dans la charité et le devoir d'amour de l'autre ».
« Je suis ton "Maître" et demeurerai à jamais dans la lumière de ton ombre ».
« Tu seras en permanence à l’OMBRE DE LA LUMIERE ».
« Rien, rien ne te revient dans l'affranchissement de tes actes d'Amour ».
« Tu ne peux prétendre à ta force car elle est mienne ».
« Le " Je", pronom personnel, sera vide de sa substance, car ce n'est pas toi qui œuvreras ». « Tu ne seras que l'outil, que le fil conducteur de mes souhaits ».
« Quant au " moi ", bannis le à tout jamais ».
« Je ne parle pas de ton ego, mais de l'adjectif possessif.
« Non François, plus rien ne t'appartient et en ne prétendant à rien, tu recevras tout de moi."
Est-ce que j'allais pouvoir être lui et répondre à tous ses souhaits ?
Est-ce une façon qui m'était offerte de rentrer dans les ordres sans pour autant en faire partie ?
Je croyais être malade. Oui, je le dis, bien malade.
Je fis part de mes écoutes à mon épouse qui demeura perplexe, mais ne me contredit pas. Jamais elle ne me fit de remarques désobligeantes.
Par ailleurs, comment allais-je mener de front mon travail journalier et donner suite à cette "mission " qui venait de je ne sais où ?
Vraiment, il y avait de quoi devenir fou.
J’aménageai mon bureau afin d'être en mesure de recevoir mes "patients ".
Au sous-sol, j'étais à l'écart des visites amicales.
Je ressentis immédiatement les effets bénéfiques de ce lieu et bien souvent, je dirais presque tous les soirs, j'allais méditer sur le lourd emploi du temps qui allait être le mien, le Sien.
Bientôt, je reçus une personne d'un certain âge qui souffrait de douleurs articulaires.
J'imposai mes deux mains, comme il me fut dit. Après quelques semaines, tout alla bien. Je pense que le fluide que j’émettais par la volonté du "Maître ", faisait son effet.
J'étais satisfait de ce premier résultat.